Monday

post-math/prog rock

alors, oui, je sais qu'on est un peu flemmards et que, même si j'ai une très bonne idée d'article, je ne me suis pas encore pris par la main pour le taper. pourtant, j'ai pensé à un truc, dans le bus. la plupart de mes lecteurs, je peux les imaginer dans leur habitat naturel (paris, lille, bordeaux, new-york, hong-kong et même un peu montréal), mais vous ne savez pas du tout à quoi ressemble mon quotidien.

en rapport avec mon envie de vous décrire prochainement ce que je fais de mes soirées (il va falloir jouer serré, y'a ma sainte mère qui me lit), je vous donne le lien de la lecture en ligne de soundbites, un album photo publié l'année dernière sur la scène indie de shanghai.

Tuesday

don't get lost in heaven

donc jeudi je suis parti à hong kong, avec la compagnie aérienne la plus low-cost d'un des pays les plus low-cost du monde, où ils facturent la place pour les jambes, les sourires des hôtesses et la politesse des deux petites adolescentes qui ont passé deux heures et demie à parler de mes cheveux (je sais, il faut que je les coupe, mais j'ai pas encore vingt ans, bordel). jeudi soir, deux heures après l'ETA, j'ai retrouvé claire qui (un peu de reconnaissance, hardi petit), a été une hôte impeccable pendant cinq jours, en plus d'être une cuisinière dévouée (et hop, c'est fini les credits, on revient à la ville).
parce que, oui, la ville. plus je voyage seul (i.e. sans ma sainte mère), plus j'aime les villes avant les habitants, les bâtiments avant les passants et les transports avant les conducteurs. donc hong kong est une ville jaune (jeu de mots facile assorti d'un doigt d'honneur aux abrutis qui rigolent parc qu'ils se limitent encore aux stéréotypes des guerres d'opium), une ville jaune, donc, depuis les pavés de chaque rue bondé, jusqu'au safran qui inonde les stands de bouffe indienne en passant par les contours de chaque néons de chacune de ces enseignes qui, parfois, ne désignent plus grand'chose tant elles se bousculent au-dessus de nos têtes. l'architecture est très gentille, très retenue, avec les beaux buildings en verre qu'on attend de la ville la plus riche de chine, les petites ruelles étroites avec des businessmen qui passent des coups de fils et des descendants de coolies qui poussent des sacs d'on-ne-sait-quoi qu'on attend d'une ville qui veut ressembler aux villes les plus riches d'europe, et un entre-deux qui n'est ni de bon goût, ni de mauvais goût, une pirouette étonnante entre les bâtiments coloniaux et les blocs résidentiels. c'est dépaysant par les clichés qu'on y trouve, parce qu'on s'y attend, mais ça me laisse parfois le sentiment déprimant que tous les caucasiens du monde y ont passé une sorte de marché officieux "ok, ouais, on va blinder ton île de thunes, on te laisse pas tomber au mains du président mao, mais en contre-partie, t'es gentille, tu fais comme si on se sentait à la maison, avec juste une touche de pittoresque (pittoresque qui servait originellement à qualifier un type de paysage-type qui était copié sur un tableau et servait de "cartes postales exotiques" pour les riches du XVII° [tu me corriges si je me trompe, hein, maman] -bref, un cliché en plus gentil)". alors, oui, évidemment, c'est très agréable de s'y promener, c'est délicieux de prendre un ferry plutôt qu'un métro, c'est reposant de ne pas avoir à se battre pour faire la queue, c'est charmant de grimper le long d'une colline pour s'extasier devant une vue que je n'aurais imaginée nulle part au monde; mais c'est pas très excitant.
hong kong est une ville minuscule (dans les rames de métro, là où ne rentre d'habitude que le plan de la ligne sur laquelle on est, ils arrivent à mettre le plan du réseau entier. plus les trains qui vont à l'aéroport et à disneyland), parce que hong kong est arrivée à ses fins, elle est devenue riche et belle et de bon goût, et elle se contente désormais de ne pas sombrer sous le joug communiste en essayant de remplacer tous les mainland chinese par des caucasiens (sans déc', j'avais jamais vu autant de blancs dans une ville d'asie, on se croirait en gironde). elle n'a plus rien à prouver, juste à être à la hauteur de sa réputation pour les familles nombreuses, les étudiants qui veulent pas admettre qu'ils ont peur de la rpc mais qui veulent quand même frimer quand ils seront de retour au bled (non, je ne parle pas de toi, claire, ni de tes potes, mais de certains types de ta fac et de certains types que j'ai rencontré dans la rue) et surtout pour les groupes de chinois venus admirer ce qu'ils ont raté pendant cinquante ans. hong kong est un nom qui fait rêver, et la ville joue parfaitement le jeu. si j'avais tout l'argent du monde, elle serait probablement dans mon top 3, pour l'instant.
sauf que non, j'ai pas tout l'argent du monde, j'exècre l'idée de monter un business avec les cheveux courts et les dents brillantes pour me retrouver à rester au sheraton en voyages d'affaires, j'ai pas encore vingt ans, je mets pas ma chemise dans mon pantalon, et j'ai déjà vécu au bouscat, hein, les petites villes, ça me connaît. alors même si hong kong était une super idée (surtout grâce au concert de gorillaz) pour passer un week-end au CHAUD, j'ai pas arrêté de sourire du moment où j'ai atterri, jusqu'à ce que je mange mon riz frit en demandant à internet tout ce qu'il y a à faire en dehors des cours cette semaine. ouais, hong kong est la ville qui a réussi, mais shanghai est la ville qui essaie encore, même si elle fait parfois n'importe quoi et que ça nous donne envie de nous tirer une balle. j'ai pas envie de profiter du beau temps en permanence, quoi, je veux mériter mon printemps après la grisaille de l'hiver (dans ma tête, cette métaphore sonne très bien, mais je ne vous en veut pas si vous la trouvez ridicule).

donc, hk c'est bien, mais je suis heureux d'avoir choisi shanghai.