Wednesday

it's been a long night, and i hate the fucking eagles.

aux alentours de la fin septembre, j'ai découvert avec délices que ce ne sont pas les feuilles qui tombent des arbres pour accueillir l'automne, mais les fanions communistes et les drapeaux populaires, recouvrant la ville de pointillés rouges & jaunes. le 1er octobre était la fête nationale, commémoration du régime, accession au pouvoir, grand bond avant pour l'homme petit pas pour whatever, et bien que je raffole de tout cette panoplie de kitsch avec les feux d'artifices et les brassards et les fanfares à base de mandolines, je suis parti vendredi soir au midi festival, sur l'ile de changjiang, à l'embouchure du fleuve jaune, logée sous un des plus grands ponts du monde.
c'était la première fois que je quittais shanghai de moi-même, pour un voyage organisé par mes soins, avec des personnes aussi étranges que je les connaissais peu. hardi, petit. l'idée avait plus ou moins surgi d'elle-même, fouillant de mon côté, découvrant innocemment que le plus grand festival rock de chine se déroulerait pendant les vacances nationales, et tombant à la pause clope sur ce suédois à la coiffure aussi déroutante que celle de win butler (en gros, c'est une crête, avec des cheveux bouclés, mais pas entièrement rasés sur le côté, et avec trente-trois centilitres de gel sur le haut du crâne -ça déchire) qui me dit qu'il va aussi y aller. je lui ai dit que, très bien, qu'il me prenne un billet de train si il les réserve cet après-midi, je vais voir si d'autres sont intéressés. d'autres étaient intéressés, mais pas suffisamment pour y aller. je suppose que le fait de me connaître et de savoir que je vais passer quatre jours dans un festival underground leur suffit pour alimenter leur niveau de cool tout en commandant des macdos devant the amazing race: china rush. non, je ne suis pas aigri, je trouve juste que c'est légèrement dommage.
anyway, nous sommes trois à lutter contre la volonté des dieux pour se retrouver dans la gare de shanghai, sachant que c'est l'équivalent du quinze août, autour de moi, et qu'une porte sur quatre est ouverte pour accéder au hall principal. je finis par me repérer à la gomina (celle-là, je la dédicasse aux frères coen) d'eric, qui se tient à côté d'une grande hippie, qui me fait des grands gestes. sa coloc, gillian, britannique, photojournaliste, et bénévole chaque année à glastonbury. c'est un peu la crème de la crème des festivaliers d'europe qui s'engouffre dans le chr huning, train à grande vitesse jusqu'à nanjing, mais qui ne me laisse que deux heures et quinze minutes jusqu'à zhenjiang. deux heures où je laisse languir mon regard dans les bambous, les ruisseaux et les monts enneigés qui font de ce voyage un véritable rêve éveillé. j'déconne. y'a pas un pet de forêt, pas un pet de montagnes, les ruisseaux font leur vie dans des lits de bétons pour irriguer toujours plus de cette chose indistincte qu'est à la base du baijiu (ah, ouais, prononcer baïtio) et le gris n'est officiellement plus une exclusivité de shanghai. la campagne n'est qu'une longue répétition d'usines, de zones commerciales, de logements pas encore insalubres et d'un peu de terre boueuse qui n'attend que de nouvelles fondations. et, non, j'ai pas vu de pandas, non.
avance rapide: gare, clope, nouilles frites, clope, attente de bus, clope, montée dans le bus, clope, descente du bus au milieu de nulle part, des champs partout et une sorte de digue de gazon devant nous (si je dis autant de fois clope, c'est pour faire chier mes lecteurs fumeurs, et pouvoir spécifier dans une parenthèse trop longue que mes paquets là-bas me coûtaient vingt centimes). on paie vingt euros pour nos soixantes concerts et notre hébergement au camping et voilà. je suis reparti boueux, suant, pauvre, affamé, assoiffé, prêt à jeter cette putain de tente trop lourde, mais j'ai retrouvé shanghai. après un bourg de province où j'errais difficilement jusqu'à ce que les concerts commencent, je me retrouve dans une gare que je connais pour aller dans mon métro, puis sortie par ma sortie, puis remonter ma rue, puis rentrer dans mon bâtiment, puis appuyer sur le bouton 8 de mon ascenseur -enfin, un de mes ascenseurs-, puis retrouver ma porte, y tourner ma clé et dire que je suis de retour. personne ne m'a regardé dans le métro parce qu'ils savaient que j'étais l'un des leurs. enfin, je crois. j'ai pas fait attention, j'avais trop faim, j'ai mangé deux maxi best of big mac et deux double cheeseburger en retrant. pour huit euros.

le festival en lui-même avait un faux air et une vraie ambiance de naissance du monde. pas le bullshit avec le sel, la terre, le cep et les ossements, le monde de la musique que vont découvrir tous les chinois d'ici quinze ans, quand ils auront grandi, qu'ils se seront développés, qu'ils auront appris de l'europe et qu'ils auront surpassé l'europe. pour l'instant, certes, la musique est de mauvaise qualité quand elle est chinoise, c'est du metal agressif ou du punk qui refuse de mettre du biactol, mais elle est là et elle ne se vend pas. j'ai vu des maigrelets se jeter dans des pogos à faire frémir van damme, et des binoclards saoûls au baijiu hurler des chansons folkloriques (j'espère qu'elles étaient paillardes) avec le staff. j'ai vu des vieillards au premier rang de la scène hard rock pour supporter leurs petits-fils. j'ai vu des policiers battre la mesure devant de la synthpop britannique. j'ai vu des couples s'embrasser à côté de la régie son alors qu'ils auraient pu avoir plus romantique. j'ai vu des mères de familles pique-niquer près de la scène électro et leurs enfants de quatre ans se trémousser comme si il kesha était dans la place. le plus impressionnant, ce sont les enfants. ils sont partout, ils participent à tout, et même si ils ont un peu peur des européens (c'est pas grave, on était à peine cinq pour cent), la musique les touche quand même. alors, le soir quand on fume autour des feux de camps, et qu'on écoute les chinois chanter hey jude en choeur sans qu'ils ne connussent (un cookie pour celui qui me confirme que c'est correct) les paroles pour autant, autour de ce feu de camp, donc, on discute avec ceux qui nous comprennent, et on finit toujours par dire la même chose, qu'on est les plus chanceux du monde de pouvoir assister à l'accouchement des nouveaux rois du monde, d'être englouti par quelque chose qui garde un esprit de groupe en permanence, qui se donne toujours plus sans vouloir avoir l'air cool, et qui meurt d'envie qu'on écoute sa musique.

je vous préviens, les enfants: quand carsick cars passera au madison square garden pour leur tournée mondiale, je serai au premier rang avec mon tshirt "i was there".



...

j'vais être honnête, le meilleur du festival, ce n'était pas ces divagations sur un futur hypothétique de la country-mao, mais lundi matin, quand le soleil s'est levé, qu'un type s'est mis à jouer hotel california et que j'ai appris à dire à tous ceux qui l'entouraient:
it's been a long night, and i hate the fucking eagles.


celui/celle qui me donne l'origine de la citation gagne mon estime éternelle.

3 comments:

  1. Trop facile : the dude. Et j'ai même pas googlé.

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  2. eh mec, get the citation right quand même. c'est rough night.

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  3. Je voulais ma faire ma meuf picky, pour la quote, mais c'est bien, Vadim l'a fait pour moi.

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