oui, ça devait arriver, forcément, ça arrive toujours à tout le monde à un certain point. j'ai eu ma première vague de nostalgie, homesickness, tacoburrito (je sais pas comment on dit en espagnol et il me fallait une troisième langue pour que ça sonne bien, mais avec la parenthèse ça sonne mal).
il fait froid, dehors, une petite dizaine de degrés qui suffit à faire rentrer les mains dans les poches et les mentons imberbes dans les cols, et je suis descendu acheter un bol de nouilles frites, parce que c'est bon et que ça coute cinquante centimes, et un bol de riz frit, parce que ma coloc a trop la flemme de faire 500 mètres. je mets mon casque dans l'ascenseur, toujours dans l'ascenseur, et je choisis généralement la musique quand je suis dans le hall d'entrée. dans l'immédiat, je voulais finir mon album de carsick cars, le groupe de l'avenir. ce qui me fait deux chansons. c'est exactement le temps de traverser le parc de la résidence, remonter les trente mètres de guangfu xi lu, et tourner sur dongxin lu (ouais mon adresse c'est dongxin mais j'habite sur guangfu xi, this is china). et puis j'ai changé d'album. j'ai mis my friends all died in a plane crash, de cocoon, le truc qui fait très mélanco-emo et qui est sorti l'année du bac. je sais, je sais, moi non plus je ne m'attendais pas à être un peu saisi aux tripes par ce genre de truc. mais le fait est là: j'ai passé mon hiver de terminale à l'écouter, et mon printemps/été de bachelier à me réveiller chez arthur, chez baptiste, chez d'autres, à me lever avec les légères gueules de bois qui rendent tout éthéré, la clope du matin-chagrin et cette album en bande-son, easy listening.
alors, voilà. au son des premières notes, j'ai regretté un peu tout ça. le sans-souci dans les maisons de province quand il fait beau et chaud et bleu, le rangement des tables basses sans avoir de conversation qui tienne la route, la route pour rentrer chez moi en sachant que je vais retrouver mes potes dans deux heures, la problème du hamac qui va se monter tout seul ou pas, le bruit de la ville qui n'existe pas, cette atmosphère irréelle des dix huit dix neuf vingt ans qui dureront à jamais parce qu'on n'a pas besoin d'aller en cours, on n'a pas besoin d'aller à des vernissages, pas besoin de sortir rencontrer de nouvelles têtes, pas besoin de rentrer parce qu'on doit étendre son linge, pas besoin de quoi que ce soit, on n'était pas sérieux, on n'était pas tristes, on était. c'était un peu ma vie dans mes écouteurs.
j'ai fini par arriver dans cette rue qui n'a pas de nom et pas de pavés, devant le mec qui fait les nouilles, un type de vingt ans, beau comme un dieu, plus de charisme que n'importe qui, et lui et son pote m'ont souri, ils savaient déjà ce que je voulais. je leur ai dit bonjour en enlevant mon casque, et shanghai m'a sauté au cou. dans le vent, il y avait les enfants qui jouaient, les vendeurs de clémentines qui somnolaient, les soldats qui défilaient en tenant leurs xiao long bao du soir, les coiffeurs qui attendaient près de la porte, le métro qui faisait vibrer le ciel, les voitures qui ne regardaient où les mobylettes allaient et les mobylettes qui ne regardaient pas où les voitures allaient. les herbes frémissaient de joie dans la poële, et je me suis dit: je vais diner sur les marches de la promenade qui donne sur la rivière en regardant passer les taxis, et puis je vais rentrer chez moi et ne rien faire pendant trente minutes, et puis je vais prendre mon métro pour aller voir un concert, erik sera peut-être là, chachy aussi, il faut que je lui reparle de ce groupe, et paul, paul ne m'a pas envoyé son article, et adam me dira bonjour de loin avec sa copine qui ne se souvient jamais de moi, et la cougar qui m'a demandé mon nom l'autre jour, et je rentrerai à pied, je ferai peut être un crochet par le c's pour croiser elsa et coller quelques stickers, et je filmerai tout ça et je serai bien, j'aurai pas besoin de bière ou de quoi que ce soit, pas besoin de souvenirs, je serai bien là, maintenant.
pour le reste, on verra plus tard.
homesickness es "morriña" en español
ReplyDeleteC'est coule Carsick.
ReplyDeleteReviens vite, la petite province t'attends
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