Tuesday

tout va bien, rien ne se passe.

comme ça fait dix jours qu'il ne semble pas se passer grand chose autour du monde, je vais parler du remaniement à l'élysée.

ouais, nan, j'rigole, on n'en n'est pas à ce point.

l'automne, ici, semblait être à l'image de la ville, un automne qui n'avait plus grand chose à voir avec l'idée qu'on se fait de l'automne, un automne façonné par les fusées chimiques qui font qu'on a un ciel bleu une fois tous les trois jours, entouré des tours jamais tout à fait grises, jamais tout à fait belles, avec des feuilles qui tombent si rarement qu'on fait attention à chacune d'entre elles. c'était un automne qui n'avait pas beaucoup de sens, avec des personnes en chemises et en t-shirts qui achetaient déjà les pendentifs et les feux d'artifices du nouvel an, un vent parfois trop fort pour penser à quoi que ce soit, et parfois si faible qu'on regrettait qu'il ne nous fouettât pas le visage quand on marchait calmement dans la rue. les terrains de foot que je croisais chaque matin de l'autre côté de la vitre de mon bus n'étaient pas givrés, ils ont toujours été mal peints, avec des taches blanches ici et là. chaque soir, je croisais des gens qui se frottaient les mains de la même manière qu'ils le faisaient en août, pour la circulation du sang, la médecine préventive orientale et al. les enfants sont encapuchonnés, embonnetés, encouverturés parce qu'ils sont fragiles, mais les autres se contentaient d'une veste, parfois, parce qu'ils n'étaient pas concernés.
ça, c'était hier. aujourd'hui, il fait vraiment froid, les vendeurs d'écharpes commencent à marchander sec parce qu'ils sont en position de force, on marche les mains dans les poches et, de temps à autre, on plisse les yeux quand on est pris dans une bourrasque venue d'autre part, venue de la mer, et qui nous rappelle quand même que la ville vit sur la mer. les arbres sont devenus des bouquets ocres sans crier gare, et chaque allée du campus est devenue une haie d'honneur, bordée de chaque côté par des feuilles de marronniers. les enfants se mettent à courir partout pour en faire des bouquets et les garder pour eux, accroupis devant leur grand-père qui attend, les yeux dans le ciel clair, les mains derrière le dos. des soupirs de vapeur huilée surgissent des échoppes à chaque coin de rue et les nouilles te réchauffent enfin.
j'ai entendu dire quelque part qu'il existe une loi qui interdit à chaque ville au sud du yangtse d'avoir des conduites en je-ne-sais quel métal, enfin, celui qu'il faut pour faire des obus et fondre des canons. donc il était interdit jusqu'à récemment d'avoir un chauffage central dans les immeubles. donc il fait presque aussi froid dedans que dehors, donc personne ici ne se rue jusqu'à sa porte pour enlever son manteau et son pull, et ça me fait vraiment plaisir. pas parce qu'on va se les geler, mais parce que je vais enfin vivre dans une ville où il y a une vie pendant l'hiver, où on ne subit pas le froid, où on se contente de faire avec, d'attendre que ça passe. rien ne va changer, tout sera juste plus précis, plus vif, les arêtes de chaque bloc de béton seront plus présentes et les grincements de ces vélos qui n'ont plus d'âge seront plus aigus.
il n'y aura pas de neige parce qu'il faut pas déconner, non plus, y'a trop de particules étranges dans l'air pour que puissent se former des flocons, mais c'est pas grave, ça démarque encore un peu de l'europe (on se raccroche à ce qu'on peut), ça nous laisse espérer que, si noël envahit les vitrines, personne ne se sentira concerné parce qu'on marchera sans se presser, sérieux, les sourcils froncés, trop occupé à nous figurer ce qu'il faut prévoir pour le vrai nouvel an, avec les pétards qu'on fera exploser, et une joie qui ne les fait pas sourire, mais qui, quelque part, fait éclater dans le ciel qu'ils sont à jamais différents.

1 comment:

  1. 1° : il n'y aura pas de vitrines de Noël
    2° : l'an dernier, il a neigé la nuit du 13 au 14 février, la nuit du Nouvel An. Coïncidence ? Je ne pense pas. (Et c'était de la fat neige !)

    Je reviendrais bien faire un tour, quand même...

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