Thursday
it's insane dirait ezra.
Wednesday
Don't call me mamacita.
Je n'ai qu'une envie, finir ma journee de taf, retrouver Celine pour deguster un 'shroom burger au Shake Shack, et regarder la superposition de Jupiter et de la Lune sur la High Line.
Quand arrive enfin ce moment beni, ou je clique sur '' Log off Ibtissame '', balance tout mon bazar dans mon sac, et m'echappe en chantonnant '' Have a good night girls ''; la presidente de la boite vient me voir, en me disant '' bah tu viens pas au cours de yoga en salle de conference ? ''; comprendre : '' ramene toi tout de suite au cours de yoga que j'ai organise en invitant gracieusement mon prof, et arrete de mal regarder mon chien, merci ''.
J'essaie de m'esquiver, (je vous arrete tout de suite, je suis relativement sportive quand je le veux, et je suis super souple. Adho Mukha Svanasana - soit le chien tete en bas - ne me fait pas peur) j'invoque le caractere non-pratique de ma tenue, comme quoi je n'ai pas envie de filer mes collants non flexibles, ni d'offrir le spectacle de mon posterieur dans mon short American Apparel. Elle me repond qu'il est joli comme tout, mon posterieur, et que je ferais mieux de le ramener fissa en salle de conference.
Je rencontre le prof, une sorte d'illumine aux liftings multiples. Il se met a raconter tout un blabla introductif explicant que le film Avatar l'inspirait tous les jours, comme quoi son yoga etait tres spirituel, d'une nouvelle sorte.
D'une nouvelle sorte, c'est sur. Il y avait de la musique chelou, des mantras et des chants qu'il fallait reprendre tout en faisant les positions, qui allaient de la grenouille, a l'arbre. Ma favorite reste celle de l'insecte mort, une de ses creations. Il fallait etre sur le dos, secouer nos bras et nos jambes en l'air et fermer les yeux, faire l'insecte mort quoi, et repeter les trucs sans sens qu'il chantait. Il y a aussi eu une periode de meditation. Il chuchotait des trucs, inhale, exhale, oh you're so beautiful, please, seat well on your rectum and you sex organs, and salute the Universal force. Le cours s'est fini sur un blabla a propos de Moise, de Jesus, et de combien le cerveau etait un frein a l'epanouissement et a l'accomplissement personnel. A ce moment la, je me suis vraiment dit que c'etait n'importe quoi. Je pourrais raconter a mes eventuels gosses que j'ai presque infiltre une secte. Tout le monde etait trop heureux, oh, c'etait trop bien, c'etait fabuleux, en plus, on est les invitees a rencontrer le guru du yoga center sur la 25eme.
Pour moi, c'etait plus inhale, exhale, ibtissame, c'est fini, t'as pas file ton collant, et tu n'es pas morte de honte d'avoir fait la grenouille devant tout le monde. Par contre t'as 30 minutes de retard, et 6 appels en absence.
'' RDV au Madison Square Garden ''. Je sors en vitesse, me rhabille en courant, goodbye I'm late, je cours, un bloc et trois rues, le plus vite possible; je ne trouve personne devant le Madison Square Garden. Evidemment, parce qu'en disant Madison square GARDEN, Celine voulait dire Madison Square PARK. 5 blocs et 10 rues plus bas.
Je cours dans l'autre direction, pour arriver le plus vite possible. Je cours, je maudis ce cours de yoga, et cette journee de travail chiante a mourir, et cette abrutie qui me vole mon taf, et les feux qui sont rouges, et les taxis qui manquent de m'ecraser, et mes chaussures qui me sont pas faites pour courir, qui font qu'a chaque pas, l'impact est insupportable pour mes chevilles et mes tibias, et pourtant je dois arriver le plus vite possible. Je maudis le bruit des pieces dans mon sac, je maudis New York et ses arteres bondees, New York et ses Square, et ses Park. Un mec a mon passage sort un '' alalala mamacita corriendo '', je ne trouve rien d'autre a dire que '' fuck you '', donc je cours, en hurlant fuck you a cet abruti, qu'est-ce qu'ils ont a tous m'appeller mamacita, franchement, en plus c'est pas le moment. J'approche le Madison Sq PARK, il y a des tentes, donc je dois faire un detour. J'arrive enfin, et je vois Celine, son petit sourire, avec Juliette. Elles m'ont commande mon truc que je mange, plus pour me mettre un truc dans la bouche et m'empecher de me plaindre.
On s'est trompees de chemin pour aller sur la High-Line, et sur le chemin, je checke mes mails et mon Facebook, l'administration de l'IEP me cherche des poux, en me racontant qu'ils m'avaient envoye un courrier il y a trois jours et que je n'ai pas repondu ohlalalala. La prochaine fois ils devraient essayer de m'envoyer un telegramme, ou un pigeon voyageur, c'est bien plus efficace pour faire parvenir une feuille a signer. J'ai recu 6 inbox dont je ne saisis pas le sens, on marche vite donc je ne peux pas me concentrer et mon telephone est un LG ridicule avec un tout petit ecran, une interface pourrie. J'ai envie de le balancer dans l'Hudson river, mais je ne le fais pas parce que sur le coup, ca me fera du bien, mais apres je me sentirai conne, surtout que je devrais en racheter un autre. Certainement le meme. BREF, ce serait stupide, je ne l'ai pas fait.
Voir Jupiter et ses quatres lunes c'etait cool, je ne comprends pas pourquoi tout le monde voulait absolument voir la Lune et s'en foutait de Jupiter, alors que c'etait cent fois plus cool. Celine etait trop mignonne. Elle etait toute exhaltee. La difference avec moi, c'est que j'etais tellement soulee par cette journee, que mon exhaltation voulait pas se montrer.
Je rentre chez moi, une fille aux cheveux roses delaves me bouscule sans s'excuser. Je la pardonne dans ma grande mansuetude : Tu as peut etre un sac Marc jacobs a chaque bras, mais tu as aussi un trou dans ton pantalon, qui laisse entrevoir ta culotte rose fluo, qui fut un temps assortie a tes cheveux. Il y a une justice sur terre. Dans mon salon, le guido sur le canape, qui me salue d'un '' hey mami ''. Je me retiens de lui crever les yeux, en me disant que c'est la derniere de mes miseres de la journee.
Il n'en est rien. Je me douche en oubliant ma serviette dans ma chambre, realise que mes collants sont files, et DRAME ULTIME : la batterie de mon ordinateur vient de me lacher. Lacher dans le sens '' va chez Best Buy poser $100 pour une nouvelle batterie ''. Je n'ai meme pas pu me complaire un peu en ecoutant LCD soundsystem avant de me coucher.
Heureusement, demain est un autre jour (ca va mieux aujourd'hui).
J'ai vole une feuille de chants et mantras; en voici un extrait : '' Ong namo Guru dev namo. Light of Light, God of God, Light by the way of God, God by the way of Light, Lumen de Lumine, Deum de Deo, Deum de Verum de Deo Vero, Truth is found in the Naam, undying and unborn, self illuminated, he's the light of the Guru ''.
Tuesday
long time no see
on a trois professeurs, dont un prof principal (et quand j'ai dit ça, une larme de nostalgie au coin de mon oeil ému), deux femmes et un mec. le mec, on va l'appeler feichang hao, qui veut plus ou moins dire très bien, excellent (cass-dédi à victoire), parce qu'il dit toujours ça, tout le temps. son record, c'est quatre fois d'affilée. c'est énorme, rendez-vous compte: très bien, excellent, très bien, excellent, très bien, excellent, très bien, excellent. c'est pour ça qu'il est cool, et il met toujours le même polo, ce qui est rigolo aussi, et il a l'air un peu gay, mais juste assez pour laisser planer le doute et juste donner envie d'être pote avec lui. les deux suivantes, c'est un peu laurel et hardy, la grande et la grosse. la grande a une sorte de sourire inversé particulièrement décontenançant, elle ne parle jamais anglais et se contente d'écrire au tableau le numéro des exercices qu'on doit faire pendant une heure et demie. c'est mieux que de répéter ces foutus syllabes, je te l'accorde. la grosse, elle, n'est pas grosse, juste un peu enrobée, et elle est super cool, c'est la meilleure prof principale que j'ai jamais eu, on blague en chinois et la seule chose qu'elle sache dire en francais, c'est "mille mercis", avec une prononciation parfaite, tu peux pas la test. donc voila, elle nous pose des questions sur notre vie réelle (ou est-ce qu'on habite, ce qu'on fait le week-end) et fictionnelle (li da zhong peut-il appeler wang laoshi demain soir ?), et c'est assez interactif pour que je ne sois pas tenté de compter les feuilles de l'arbre en face de ma fenêtre (toi qui croyais que je m'asseyais au fond de la salle pour ne rien foutre, je t'ai bien eu, j'aime avoir une jolie vue quand je travaille, avec un petit étang et des trottoirs et des arbres qui ne vont pas tarder à s'embrunir et à se redorer).
la pause clope, c'est généralement ma pause musique pour eviter de n'avoir rien a dire à des personnes qui aimeraient bien que j'ai quelque chose a dire, mais parfois on discute quand même, et tout le monde est là, les japonais entre eux, les russo-kazakhs entre eux, et les autres mélangés. tout le monde mate un peu du coin de l'oeil la bulgare qui est une blonde superbe sauf moi parce qu'elle discute avec mes potes et que ca lui fera la bite si quelqu'un l'ignore, tiens.
parfois, je marche un bloc jusqu'à la supérette du campus pour acheter des biscuits, ersatz de prince, et du thé glacé au citron, qui me coûtent environ quatre-vingt centimes. et puis retour direct en classe, apres avoir achevé ma clope dans les escaliers (là encore, dédicace émue à tous ceux qui ne peuvent pas fumer dans les escaliers de leur fac), pour une autre tranche de quarante-cinq minutes.
lundi, quand on a aussi cours l'apres-midi, on traverse la route pour s'engouffrer dans le rue du street-food et se gaver de nouilles frites, dans lesquelles il y a de délicieuses choses dont je ne devinerai jamais le nom, après avoir dit bonjour à la vendeuse d'écureuils et de cannetons parce que je veux un putain d'écureuil presque autant que je veux un panda. et puis on va déjeuner devant la statue de mao, parce qu'elle est vraiment foutrement kitsch, et on reprend les cours et je reprends le bus.
voila pour l'article de retard, le prochain sera sur mes apres-midis.
bonne nuit les petits.